La société en commandite simple : un outil marginal mais stratégique de l’ingénierie patrimoniale
Dans le paysage toujours plus contraint de la structuration patrimoniale, où l’efficacité fiscale est recherchée avec d’autant plus d’acuité que le droit positif se densifie, la tentation est grande d’exhumer des figures juridiques anciennes, tombées en désuétude, pour leur redonner une nouvelle utilité au service d’objectifs contemporains. La société en commandite simple (SCS), dont l’origine remonte à une pratique antique de partage des risques entre bailleur de fonds et entrepreneur, fait partie de ces instruments que l’évolution des pratiques patrimoniales remet aujourd’hui en lumière.
Codifiée aux articles L. 222-1 à L. 222-12 du Code de commerce, la SCS se caractérise par une dualité fonctionnelle rare dans le droit des sociétés : le commandité, responsable indéfiniment et solidairement des dettes sociales, exerce la gérance effective de la société ; le commanditaire, quant à lui, limite son rôle à un apport en capital et à une participation aux résultats, sans pouvoir d’administration. Cette distinction organique, à la fois structurante et atypique, fonde la possibilité d’un traitement fiscal différencié des revenus en fonction de leur nature et de la qualité de l’associé bénéficiaire. Dans un contexte où l’imbrication croissante entre objectifs économiques, fiscaux et successoraux exige des montages à la fois rigoureux et adaptables, la SCS s’impose, dans certaines configurations précises, comme un vecteur pertinent de gestion d’actifs complexes, à condition d’être maniée avec discernement et prudence.
Rédigé par Antoine Aufrand - Fondateur Hypérion Strategy — Partenaire Figen AI