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Épargne : le virage générationnel

Le monde de l’épargne vit un tournant historique.

Les baby-boomers arrivent massivement à la retraite et commencent à désépargner, tandis que les millennials amorcent pleinement leur parcours financier.

Cette dynamique générationnelle transforme en profondeur les usages financiers, sur fond de révolution numérique. Pour les DAF des secteurs financiers, comprendre cette mutation relève d’un enjeu stratégique majeur pour adapter les modèles et exploiter de nouveaux gisements de croissance.

Un transfert de richesse sans précédent

Nous assistons à la plus grande transmission patrimoniale de l’histoire.

Aux États-Unis, environ 90 000 milliards de dollars devraient changer de mains dans la décennie à venir, faisant des millennials fortunés « la génération la plus riche de l’Histoire ».

En France, on estime à 2 000 milliards d’euros les actifs qui seront transmis via les successions imminentes.

Cette manne ne bénéficiera pas uniformément à tous les millennials.

Ceux qui « auront choisi leurs parents avec soin » profiteront d’un coup de pouce substantiel, tandis que les autres devront constituer leur épargne seuls.

Paradoxalement, ces derniers représentent une opportunité : habitués à l’auto-formation via les réseaux sociaux et l’IA générative, ils peuvent devenir des clients fidèles et éclairés si on leur tend la main avec les bons outils.

Un fossé technologique aux implications stratégiques

Les générations se distinguent radicalement par leur rapport aux outils financiers.

Selon MagnifyMoney, 75% des millennials se disent prêts à utiliser un conseiller financier automatisé, contre seulement 43% des baby-boomers.

TikTok est devenu la première source d’information boursière des jeunes au Royaume-Uni, tandis que les seniors restent fidèles aux agences bancaires et aux entretiens physiques.

Cette fracture numérique redessine la carte concurrentielle.

Aux États-Unis, les néobanques concurrencent les établissements traditionnels sur les dépôts, pendant que des robots-conseillers s’imposent en gestion de patrimoine.

La France observe les mêmes signaux émergents avec quelques années de décalage.

Des valeurs qui redéfinissent l’investissement

Les millennials intègrent massivement les considérations ESG dans leurs décisions d’investissement : près de la moitié envisagent d’augmenter leurs allocations vers des placements durables, contre 27% des baby-boomers.

Ils exigent également plus d’autonomie et de contrôle sur leurs finances, privilégiant l’auto-formation et se montrant réticents à confier aveuglément la gestion de leur patrimoine.

Contrairement aux stéréotypes, ils font preuve de discipline financière. Aux États-Unis, les ménages millennials ont vu leur patrimoine net plus que doubler entre 2019 et 2023, enregistrant la croissance la plus rapide de tous les groupes d’âge. Ils sont en passe d’accumuler 140 000 milliards de dollars d’actifs d’ici 2045, avec une progression de +11% par an.

Quatre opportunités stratégiques pour les DAF

1. Intégrer l’IA au cœur de la stratégie financière La vague des robo-advisors offre un levier formidable pour scaler les services patrimoniaux à moindre coût. En internalisant ou en s’associant avec des fintechs, les DAF peuvent proposer des plateformes numériques ergonomiques et des algorithmes puissants exploitant la donnée pour affiner les recommandations. Selon le WEF, des outils d’IA assistée peuvent améliorer l’accès aux produits d’épargne-retraite via des nudges personnalisés.

2. Rajeunir la base client et stimuler la croissance L’entrée des millennials sur le marché patrimonial constitue un nouveau vivier à conquérir. Chaque millennial qui entame un plan d’épargne est un prospect de long terme, potentiellement fidèle sur plusieurs décennies. Il s’agit d’un axe de croissance organique rare dans un secteur mature, à condition de comprendre leurs codes : exigence de transparence, investissement responsable, interaction omnicanale, tarifs compétitifs.

3. Accompagner les boomers dans la transition Les baby-boomers prennent des décisions patrimoniales complexes en phase de retraite. Se positionner en partenaire de confiance pour orchestrer cette passation de richesse est crucial. Un rapport d’EY révèle que 42% des familles très fortunées ne disposent pas d’un plan de succession abouti, et que les héritiers plus jeunes sont enclins à changer d’établissement s’ils ne se sentent pas écoutés.

4. Innover dans de nouvelles offres alignées sur les tendances La sensibilité des millennials pour la durabilité inspire le développement de produits sur-mesure : fonds verts, calculateur d’empreinte CO₂, micro-investissement, contenus pédagogiques gamifiés. L’IA autorise une personnalisation à grande échelle pour proposer un parcours adapté à chaque profil.

Les conditions de réussite

Transparence des algorithmes : La confiance est le socle de la relation financière. Les DAF doivent s’assurer que les outils d’IA respectent une éthique de transparence, avec une gouvernance solide incluant audit des algorithmes et validation humaine des décisions critiques.

Pédagogie financière : Un épargnant bien informé sera plus autonome et confiant. L’éducation financière doit devenir une priorité via des contenus d’apprentissage (webinaires, simulateurs, MOOC) et la formation des équipes internes à vulgariser les sujets complexes.

Hybridation des services : Environ 68% des clients fortunés privilégient une approche mixte plutôt qu’un robo-advisor seul. L’IA peut traiter les demandes simples et personnaliser les recommandations, tandis que les conseillers humains se concentrent sur la valeur ajoutée : conseil stratégique, gestion émotionnelle, arbitrages complexes.

Vers la paix des braves de l’épargne Cette « guerre de l’épargne » est moins un conflit qu’une transition profonde. Les DAF ont un rôle central pour tirer parti de ces mutations : en modernisant leurs offres, ils peuvent accompagner sereinement les boomers tout en conquérant la confiance des millennials.

À la clé, de nouvelles sources de croissance et une pérennité accrue.

Plutôt que d’opposer l’ancien et le nouveau monde, c’est en les faisant collaborer via des stratégies hybrides, transparentes et pédagogiques que les DAF déclareront la paix des braves de l’épargne.

Par Vincent Aurez, Président de Figen AI

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