Vincent Aurez veut mettre les CGP à l’heure de l’intelligence artificielle (IA). L’ancien directeur associé de l’innovation et développement durable de Novaxia lance Figen AI, une société de développement d’assistants IA pour les professionnels du patrimoine et de la finance (conseillers financiers, multi family offices et expert-comptables). La commercialisation des premiers modèles a commencé début janvier. Une centaine de cabinets sont déjà inscrits.
Faire oublier l’IA
La plateforme fait office d’assistant augmenté. Techniquement il s’agit d’un agent IA spécialisé dans la finance et le patrimoine, capable de mobiliser différentes sources de données, de résoudre des problématiques complexes (fiscales, réglementaires, stratégies patrimoniales) et de s’adapter à chaque client, détaille la société.
L’outil repose sur une base de données de plus de 15.000 pages analysées et contextualisées, provenant de sources variées telles que le Code monétaire et financier, le Code civil, les projets de loi de finance, le Bofip et même des jurisprudences. En plus d’une veille réglementaire, il assure un suivi de l’actualité. Le modèle n’évolue pas par lui-même, mais sa base est mise à jour toutes les semaines par les équipes de Figen AI. "Il faut voir l’outil comme un alternant : il trouve les bonnes informations en étudiant plusieurs sources, afin de les restituer de manière simple au client", indique Vincent Aurez, qui précise que les données clients ne sont pas utilisées pour entraîner le modèle.
Les conseillers pourront ainsi interroger Figen AI sur des questions précises concernant le patrimoine de leurs clients et obtenir des réponses personnalisées, sous forme de textes, de schémas et même des simulations financières. Notre but c’est de faire oublier l’intelligence artificielle grâce à un outil simple d’utilisation et de libérer les professionnels du patrimoine et de la finance de leurs tâches répétitives, appuie Vincent Aurez.
Si l’interface utilisateur est accessible, l’arrière-boutique est plus technique, fruit d’un travail de quatre mois qui a mobilisé une quinzaine de personnes. Figen AI est un système multi-agents, des modules capables de décomposer un objectif complexe (comme établir une stratégie de transmission patrimoniale) en plusieurs sous-tâches (analyse fiscale, vérification réglementaire, simulation d’optimisation, ...). Chaque agent peut avoir une action spécifique (ex : générer des schémas). Figen AI peut en mobiliser jusqu’à une douzaine pour répondre aux requêtes des utilisateurs, dont certains créés par les équipes de Vincent Aurez.
En fonction de la complexité des questions, le temps de réponse s’étale entre 10 secondes et 1min20. La version actuellement commercialisée continuera d’évoluer en fonction des retours clients. Des tests sur la tenue d’un audit patrimonial par l’IA sont par exemple en cours.
« Dépolluer les interactions » avec les partenaires
En complément de ce format de plateforme, Figen AI peut aussi être déployé de façon personnalisée dans les extranets de sociétés. En connectant l’outil à leurs propres bases de données (process internes, due diligences, etc.), les entreprises pourront ainsi bénéficier d’une IA « entraînée » sur des cas et produits spécifiques.
Une de ces applications est un agent conversationnel, type «chatbot», pour échanger avec les partenaires. «L’objectif est de dépolluer les interactions et de faire gagner du temps», indique Vincent Aurez, qui assure que ce module conversationnel est «bien plus développé que ceux couramment utilisés par des entreprises commerciales pour échanger avec les clients».
Un groupement de CGP aurait déjà signé, plusieurs sociétés seraient en discussion, dont un assureur-vie, un réseau de banque privée et deux sociétés de gestion.
Technologie à mission
Bien qu’elle soit unique sur le marché, FigenAI mise pour l’instant sur l’accessibilité. L’abonnement de son offre généraliste s’affiche à un peu moins de 200 euros par mois, avec des réductions pour les nouveaux clients venant par recommandations et une offre spéciale pour les étudiants et jeunes cabinets de moins d’un an. Le tout sans engagement. «On veut montrer que l’IA est une révolution et embarquer un maximum de personnes. La nouvelle génération de modèles est déjà là et utilisable à ce prix-là», explique Vincent Aurez. Il ajoute que les coûts d’inférence (connexion et utilisation à des modèles d’IA existants) sont en baisse depuis deux ans alors que la technologie continue de progresser.
Pour se lancer dans cette aventure, il s’est associé à Maxime Perdu (co-fondateur de Money Waklkie, les porte-monnaie électroniques pour enfants) et Nicolas Paulus (co-fondateur de l’agence web Antadis). «Ce qui nous a réunis, c’est la volonté de mettre cette technologie au service de toutes et tous, en en faisant quelque chose d’utile. C’est aussi le souhait d’utiliser l’IA en ayant conscience des enjeux éthiques et de son impact environnemental. Nous avons ainsi souhaité intégrer les sources de données concernant la finance durable, dès son lancement», souligne Vincent Aurez. Dans cette logique, Figen AI est devenue société à mission. Elle se fixe trois objectifs : démocratiser l’accès à un conseil financier de qualité, rendre la finance durable et solidaire plus accessible et réduire l’empreinte environnementale des infrastructures IA. Elle a également noué un partenariat avec une association reconnue d’utilité publique (son nom n’a pas encore été communiqué).
Les premiers pas de Figen AI ont été financés uniquement sur fonds propres. La société n’a pas souhaité communiquer de montant précis, mais son développement se chiffrerait en centaines de milliers d’euros. Un mois après la mise sur orbite de leur outil, l’équipe dirigeante aurait déjà été approchée par deux fonds d’investissement, dont un américain. Figen AI, dont les serveurs sont situés à Roubaix et à Francfort, vise la rentabilité pour la fin d’année si sa trajectoire de lancement se poursuit.